Lettre ouverte aux Elu-es
et services du Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis
Nous, professionnel-les du social interpellons
le Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis par l’intermédiaire de nos
organisations syndicales et/ou collectifs de luttes réunis en intersyndicale
des secteurs sociaux. Par cette lettre ouverte, nous entendons attirer
l’attention des élu-es et des services du Département sur la nuisance des
appels à projet comme modalité de financement des structures du secteur social.
L’intersyndicale des secteurs sociaux de
Seine-Saint-Denis déplore qu’à l’image de ce qui s’est produit pour les
associations relevant du secteur du logement, le service insertion du Conseil
Départemental du 93 impose aux structures de l'insertion, de l'emploi et de la
formation une nouvelle modalité de financement en basculant d'une convention
pluriannuelle à un appel à projet annuel.
Le passage aux appels à projet risque de plonger de nombreuses structures en
situation de précarité chronique. Le manque de visibilité à moyen ou long
terme n’est pas un gage de confiance pour les banques, les publics, les
entreprises ou les services avec qui nous collaborons au quotidien. Au-delà,
des problématiques
de trésoreries imputables aux délais de versement des différents
financements, l'impact sur nos métiers et notre déontologie au service des
publics les plus en difficultés du département pourrait s’avérer
déplorable.
En effet, dans les départements ayant recours aux appels à
projet, les logiques de concurrence se sont progressivement installées. De
multiples structures ont déjà mis la clef sous la porte... Financées par des
appels à projets, ces services ont été pressurisés par des objectifs toujours
plus excessifs. Pour survivre et répondre aux chiffres, les professionnel-les
ont été poussés à transformer leurs pratiques et pervertir leurs projets
associatifs en pratiquant la sélection sociale… Dans d’autres cas, l’arrivée
d’un concurrent à but lucratif cassant le « prix du marché » s’est
soldé par des fermetures de boîtes.
La logique des appels à projet est inadaptée à notre secteur
et nos métiers. En généralisant cette modalité de financement, le Département
fragilisera le travail inter-partenarial. Comment collaborer ou porter des
initiatives communes lorsque l’on sait que son voisin n’est plus un partenaire
mais un concurrent en puissance ?
Le secteur social, n'est pas une marchandise, c’est
pourquoi le principe des appels à projet est régulièrement dénoncé par
les professionnel-les du secteur. C’est le sens profond et concerté
de cette activité qui devrait primer sur un quelconque indicateur quantitatif.
Depuis plusieurs années de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer cette
logique de mise en concurrence. Dernièrement, la députée Brigitte Bourguignon
chargée de rendre un rapport sur le travail social a déclaré :« Personnellement, je ne suis pas séduite par
l’appel à projet systématique qu’on a mis en place. Je ne suis pas du tout
séduite par ça.[…] Je trouve que cette logique d’appel à projet a fait une sorte de foire et de compétition entre des
acteurs qui sont obligés d’inventer. Je suis d’accord avec vous, il faut sortir
de cette logique d’appels à projet qui a été systématique depuis quelque temps
et qui ne favorise pas la réflexion ».1
L’intersyndicale des secteurs sociaux de
Seine-Saint-Denis refuse et combattra avec détermination la casse de notre
secteur, de nos métiers et de notre éthique professionnelle ! Nous nous
mobilisons de manière unitaire pour l’intérêt de nos publics, pour l’intérêt
des professionnel-les du social, pour l’intérêt général. Ensemble, nous affirmons
qu’il est possible de trouver une alternative et d'envoyer par la
même occasion un signal fort à un secteur en « souffrance éthique ».
Le Département de Seine-Saint-Denis doit cesser les appels à projet et rétablir
des conventions pluriannuelles dès à présent.
1 Interrogée
par la web radio « le trottoir d’à côté » le 30/09/15
version PDF : https://drive.google.com/file/d/0B8fEDXqswnneWXJCOGlKSFZmRzA/view?usp=sharing
Le passage aux appels à projet risque de plonger de nombreuses structures en situation de précarité chronique. Le manque de visibilité à moyen ou long terme n’est pas un gage de confiance pour les banques, les publics, les entreprises ou les services avec qui nous collaborons au quotidien. Au-delà, des problématiques de trésoreries imputables aux délais de versement des différents financements, l'impact sur nos métiers et notre déontologie au service des publics les plus en difficultés du département pourrait s’avérer déplorable.
version PDF : https://drive.google.com/file/d/0B8fEDXqswnneWXJCOGlKSFZmRzA/view?usp=sharing