Travail social : Et maintenant, le Chantage !!!
Le 2 septembre dernier, la Députée, Brigitte Bourguignon a remis son rapport sur le travail social au premier ministre en présence de 2 ministres et 2 secrétaires d’état.
Communiqué intersyndical CGT - FSU - SOLIDAIRES - FAFP
Il y a peu de choses à retenir du rapport Bourguignon, qui, au-delà
de belles paroles, fait 17 propositions sur les 23 qui concernent
directement le processus de formation alors que cette mission était
sensée faire des propositions sur bien d’autres domaines ( les
dispositifs, leur complémentarité, le travail social collectif, les
usagers...)...17 propositions ou l’art de reformuler pour faire passer
la pilule en faisant porter la responsabilité aux contradicteurs !
Si ce rapport indique qu’il faut faire évoluer les trois composantes
du travail social : les travailleurs sociaux, les usagers et les
employeurs rien ne concerne ces derniers. Rien ne concerne non plus, le
manque de moyens, la baisse des budgets ou l’organisation du travail.
Il faudra voir le sort que le gouvernement réservera à ce rapport
puisqu’une partie de la feuille de route gouvernementale annoncée sur 3
ans, dont les axes devraient être connus fin octobre, a déjà été tracée
par Manuel Valls lui-même.
Le premier ministre soit ne connaît pas le travail social, soit fait des confusions volontaires en mettant dans ce champ le dispositif d’aide à la complémentaire santé, le plan très haut débit et la loi numérique ou le « simulateur de droits » mis en ligne alors que les usagers des politiques sociales sont souvent en difficulté avec les nouvelles technologies ou n’ont pas les moyens d’y avoir accès.
Après avoir parlé du « malaise », « du mal-être » des professionnels qui seraient liés selon le 1er
ministre à des « spécialisations et donc au cloisonnement entre les
disciplines », il propose l’harmonisation des professions du social
pour « favoriser » les évolutions de carrière. Le modèle retenu par
Madame Bourguignon pour la profession des éducateurs de jeunes enfants
(EJE) est d’élargir le public de zéro à six ans, d’investir le secteur
de l’éducation nationale dans les maternelles et de former les
professionnels au management : le projet est donc bien de transformer
les métiers même si les appellations et les diplômes sont conservés
transitoirement.
Ensuite, Manuel VALLS est rapidement arrivé à la question du
terrorisme et du radicalisme en posant cette question : Aurait-on pu
« prévenir », « détecter des dérives radicales » ? La nouvelle mission
du travail social (et de l’école chargée de transmettre les valeurs
républicaines) serait de renforcer le contrôle social et de prédire les
dérives éventuelles ?
Nous restons donc dans une logique de contrôle des populations qui
est à l’opposé du « modèle social français nourrit des idéaux de la
Résistance » auquel pourtant il se réfère.
Enfin, le 1er ministre ouvre la
perspective d’un accès des travailleurs sociaux du niveau III à la
catégorie A, via la réforme des qualifications et des formations à
condition que le projet d’accord sur les « Parcours professionnels,
carrières et rémunérations » (PPCR) dans la fonction publique, portée
par Maryse Lebranchu, soit adopté.
Ce serait la signature d’une majorité des syndicats, (injonction forte du 1er
ministre au passage pointant du doigt la responsabilité des OS à cet
égard), qui « entraînerait » ensuite la reconnaissance des métiers de
niveau III actuels au niveau licence (II) dans le secteur privé. Est
ce vraiment crédible quand on sait que ce dernier dépend de
financements publics plutôt en stagnation dans la conjoncture actuelle,
affichant des salaires en berne et une perte du pouvoir d’achat des
salariés concernés ?
Selon le Premier ministre, ce seraient donc les organisations
syndicales qui détiendraient la clé d’un passage en catégorie A ! Si ce
n’est pas du chantage cela y ressemble fort d’autant que cette
négociation concerne l’ensemble des fonctionnaires des 3 versants de la
Fonction publique soit, bien au-delà des travailleurs sociaux.
Faut-il alors rappeler à Monsieur Valls que cette évolution n’interviendrait qu’à partir de 2018 et qu’un futur gouvernement pourrait toujours alléguer des contraintes budgétaires pour le remettre en cause ?
Pour nos organisations, le temps de la mobilisation doit se
poursuivre et s’intensifier tant au niveau local comme au niveau
national, car nous devons peser sur les décisions gouvernementales qui
seront prises sous 6 semaines.
| Cela passe par :
- la construction intersyndicale des États généraux
alternatifs du travail social organisés dans les territoires et à Paris
le vendredi 16 octobre prochain pour démontrer qu’une autre politique
est possible fondée sur un grand service public de l’aide et de l’action
sociale.
- la participation active à la journée de
mobilisation CGT/FSU/Solidaires du 8 octobre sur les salaires…,
l’égalité salariale femmes/hommes… et la promotion des services publics… |
Paris, le 15 septembre 2015