vendredi 3 janvier 2014

Rézo n°0 - Chroniques en milieu ordinaire







LA SAUVEGARDE

La Sauvegarde est une association de protection de l’enfance en phase d’absorber une autre association : l’AADEF 93. Petit focus, sur ce qui s’y déroule avec Z., élue SUD Santé Sociaux 93 au CHSCT...

Rézo : Les absorbations et les fusions fleurissent  également dans le secteur social avec derrière la  volonté de réduire le nombre d’interlocuteurs et de construire des mastodontes du social. Comment se passe cette opération de votre côté ?
Z. : Notre employeur l’a prévu depuis plusieurs années en créant la structure Idée 93 pour soi-disant être plus fort face aux financeurs et préparer la mise en place du Grand Paris. Ils essayent de regrouper des associations du département. En parallèle, ils ont créé un autre dispositif qui regroupe les Sauvegardes de la région. En ce qui concernent l'absorbation d'AADEF 93, c'est une   demande de leur direction. Du côté des salariés, il n'y pas d'opposition. Les deux structures agissent pour la protection de l'enfance et peuvent très bien se compléter. En revanche en comité d'entreprise, nous avons appris que l'AADEF 93 est déficitaire de 200 000 euros, somme qui alourdira les 300 000 euros de déficit de la Sauvegarde... Du coup, quelles seront les incidences en terme de  fermeture de service et de maintien d'activité ? Une nouvelle réorganisation n'est pas à exclure…


R. : Les travailleurs sociaux de la Sauvegarde font     actuellement face à une intensification du travail. Le nombre de dossiers explosent. Pour autant les collectifs de travail ne comptent pas subir cette surcharge de travail sans réagir...
Z. : Effectivement, la boite nous demande de prendre plus de dossiers en invoquant le principe de solidarité tout en agitant le contexte financier compliqué. La culpabilité marche à plein régime. Il y a quelques années, les RTT avaient été attaquées pour soi-disant sauver nos emplois, mais c'était sans compter l'action aux Prud'hommes. Aujourd'hui, les salariés n'en peuvent plus de subir cette augmentation du volume de travail. Beaucoup ont effectué des heures supplémentaires sans les déclarer. Du coup on appelle à la résistance pour refuser et rendre les dossiers supplémentaires. Professionnellement c'est très dur car il y a des familles, des enfants derrière chaque mesure en souffrance. Pour autant, nous ne pouvons pas laisser des collègues continuer de travailler gratuitement. A ce jour et malgré plusieurs demandes de paiement des heures supplémentaires, la direction n'a pas fourni de réponse claire…

R. :  La surcharge de dossiers se traduit donc par une dégradation du service rendu aux usagers...
Z. : Tout à fait, on ne peut pas traiter tous les dossiers. C'est insatisfaisant d'un point de vue professionnel. Cela contribue à faire culpabiliser les collègues sur l'urgence sociale de certain dossier. Et, bien entendu, nos employeurs joue là-dessus car ils savent qu'on est des professionnels et qu'on tient à nos métiers et nos missions. Donc ce n'est pas facile de résister ! Pour autant, le non-respect des accords d’entreprise prévoyant le paiement en heures complémentaires ou supplémentaires, ça parle à tout le monde !


R : Que ce soit avec l'absorption, l'intensification du travail et les difficultés financières, observes-tu une évolution des modes de management ?
Z : Pour l'instant, ils souhaitent lignifier les différents modes de management suivant les équipes dispatchées sur tout le 93. De notre coté, on reste vigilant. Dernièrement on a sorti un tract intitulé "lettre d'observation aux cadres hiérarchiques" qui s'apparentait à une lettre de sanction disciplinaire aux encadrants. L'unification des pratiques de management nous est présenté par la direction comme un appui aux équipes mais en réalité cela restreint les modes relationnels. Ce qui les intéresse, ce n'est pas le fond du métier mais juste l'application des règles et des procédures. Or il ne faut pas oublier qu'on travaille avec de l'Humain et que les réponses « toutes plaquées » sont impossibles. Si on souhaite échanger autour de situations on a 1h pour en parler et pas une minute supplémentaire…


R : Parallèlement, à cette harmonisation des bonnes pratiques de travail, un DP Sud était dernièrement convoqué pour un entretien disciplinaire à son retour d'arrêt maladie. Il en ressort avec "un appui" de sa hiérarchie qui le convoque tous les lundis matin pour rendre des comptes sur son activité...
Z : Suite à cette décision, tous ses collègues ont été  choqués par ce qui s'est passé. Le jour de l'entretien près d'une quarantaine de personnes se sont mobilisées. Quelques jours plus tard, son service a débrayé et s'est invité en masse au pot de départ à la retraite de sa  responsable hiérarchique...
Au final, cette procédure infantilise les rapports sociaux et ne s'apparente pas à un appui professionnel. Au contraire, la mise en œuvre de ces entretiens hebdomadaires peuvent conduire à une déstabilisation du collègue et contribuer à placer ce DP en situation de risques  psycho-sociaux… A suivre !

EMMAUS
Droits d'alertes Syndicaux, CHS-CT et CE non respectés, délits   d'entraves au droit syndical, non-paiement des heures supplémentaires et des astreintes, droit de retrait non  respecté, procédure et menace de licenciement, dossiers prud'homaux en cours... Pour Philippe, délégué syndical Sud à Emmaüs, la coupe est pleine ! 
Armé de son duvet, de sa détermination et de la solidarité de son syndicat et de sa fédération syndicale, Philipe a entamé une grève de la faim le 21 novembre dernier à Montreuil en occupant le hall d’entrée du siège de l’entreprise. Apres avoir soufflé le chaud et le froid, la direction générale voyant un conflit ouvert s’enliser et risquant  d’écorcher  sa «belle image» médiatique a fini après 10 jours par céder et négocier un protocole de sortie de crise…

IRTS
Les étudiants en travail social sont en lutte depuis prés de deux mois pour  l’application de la loi « Fioraso » sur la gratification des stages de plus de 2 mois. Beaucoup d’étudiants souvent endettés, vivent leurs années d’études avec des revenus en dessous du seuil de pauvreté, avec de graves difficultés d’accès au logement ou à la santé… Pour SUD Santé Sociaux les gratifications mêmes insuffisantes doivent s’imposer par simple respect de la loi et ne pas faire l’objet de discrimination à l’accès aux terrains de stages