dimanche 3 avril 2016

Rézo social 93 n°6- Edito



La bourgeoisie des beaux quartiers parisiens du 16e arrondissement est en ébullition. Les « Jacques Henr i» ou les « Marie Chantal » se mobilisent contre le projet d’ouverture d’un Centre d’Hébergement d’Urgence et de Réinsertion sociale (CHRS) dans le bois de Boulogne. Pour les nantis aux accents pincés, l’arrivée de publics en difficultés s’apparente à une souillure de leur entre-soi résidentiel. Le racisme social n’est pas bien loin lorsque les arguments de viols, d’agressions ou de baisse du prix de l’immobilier sont vomis à tue-tête. Monique Pinçot Charlot sociologue spécialisée dans l’étude des classes dominantes déclarait au micro de l’émission Comme un bruit qui court qu’ « on est aussi dans un contexte d’une tension politique, sociale extrême ». Pour elle, la réaction des bourgeois du 16e s’explique par le réveil du mouvement social et notamment parcequ’ « ils sentent très bien qu’il va se passer quelque chose, tout le monde le sent et eux le sentent. Et nous, avec Michel (NDLR : son mari) en 1995 (NDLR : grèves contre le Plan Juppé), on était au cœur de nos enquêtes et on avait très bien senti cette tension »
Le retour du mouvement social interprofessionnel inquiète le gouvernement, le patronat et les possédants. Les mobilisations contre « la loi travail » aiguisent  les contradictions et les conflits de classes. Le front social réunissant les lycéens-énes, les étudiant-es, les précaires, les salarié-es et les retraité-es contre la casse du code du travail, nous redonne de l’espoir et le baume au cœur en ce printemps 2016.
Les tenants de la démolition sociale avancent étapes par étapes. Pour eux, le travail devrait être « libéré ». Tout ce qui est synonyme  de droits est à leurs yeux une contrainte, un frein à l’entreprenariat.  Le secteur social n’est pas un secteur à part, préservé des offensives libérales. La volonté du patronat associatif de dénoncer la Convention Collective 66 s’inscrit dans cette logique.  Avec la casse en cours des formations initiales et l’arrivée de nouveaux modes de financements tel que le contrat à impact social, l’arsenal pour marchandiser le travail social est déployé. A nous, de construire les résistances en créant des convergences entre les différents secteurs sociaux pour engager la lutte contre le « social business» et plus globalement pour le progrès social !

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